Fanny du Manoir

Dans nos cœurs et nos souvenirs, Fanny est toujours avec nous. Adressez-moi vos textes et photos, je les enregistrerai ici avec ceux que j’ai gardés et que je me promets depuis presque 1 an de partager avec vous.

De Fanny : « Si j’avais une devise, ce serait AIMEZ, pas les uns les autres, c’est déjà une limite, une obligation, une route, une routine. Non, seulement Aimez. Aimer ce que l’on veut, le ciel, les nuages, les moissons, la vie, la musique, les enfants, les vieux, l’humour,  le BEAU, mes filles ! etc.

Marie-Pïa partage un poème de Sully Mormant

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu l’aurore ;
Ils dorment au fond des tombeaux
Et le soleil se lève encore.

Les nuits plus douces que les jours
Ont enchanté des yeux sans nombre ;
Les étoiles brillent toujours
Et les yeux se sont remplis d’ombre.

Oh ! qu’ils aient perdu le regard,
Non, non, cela n’est pas possible !
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu’on nomme l’invisible ;

Et comme les astres penchants,
Nous quittent, mais au ciel demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants,
Mais il n’est pas vrai qu’elles meurent :

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore,
De l’autre côté des tombeaux
Les yeux qu’on ferme voient encore.

Les Souffles de Birago DIOP

Ecoute plus souvent
Les Choses que les Etres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Ecoute dans le Vent Le Buisson en sanglots :
C’est le Souffle des ancêtres.

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans l’Ombre qui s’éclaire
Et dans l’ombre qui s’épaissit.
Les Morts ne sont pas sous la Terre :
Ils sont dans l’Arbre qui frémit,
Ils sont dans le Bois qui gémit,
Ils sont dans l’Eau qui coule,
Ils sont dans l’Eau qui dort,
Ils sont dans la Case, ils sont dans la Foule :
Les Morts ne sont pas morts.

Ecoute plus souvent
Les Choses que les Etres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Ecoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots :
C’est le Souffle des Ancêtres morts,
Qui ne sont pas partis
Qui ne sont pas sous la Terre
Qui ne sont pas morts.

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans le Sein de la Femme,
Ils sont dans l’Enfant qui vagit
Et dans le Tison qui s’enflamme.
Les Morts ne sont pas sous la Terre :
Ils sont dans le Feu qui s’éteint,
Ils sont dans les Herbes qui pleurent,
Ils sont dans le Rocher qui geint,
Ils sont dans la Forêt, ils sont dans la Demeure,
Les Morts ne sont pas morts.

Ecoute plus souvent
Les Choses que les Etres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Ecoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots,
C’est le Souffle des Ancêtres.

Il redit chaque jour le Pacte,
Le grand Pacte qui lie,
Qui lie à la Loi notre Sort,
Aux Actes des Souffles plus forts
Le Sort de nos Morts qui ne sont pas morts,
Le lourd Pacte qui nous lie à la Vie.
La lourde Loi qui nous lie aux Actes
Des Souffles qui se meurent
Dans le lit et sur les rives du Fleuve,
Des Souffles qui se meuvent
Dans le Rocher qui geint et dans l’Herbe qui pleure.
Des Souffles qui demeurent
Dans l’Ombre qui s’éclaire et s’épaissit,
Dans l’Arbre qui frémit, dans le Bois qui gémit
Et dans l’Eau qui coule et dans l’Eau qui dort,
Des Souffles plus forts qui ont pris
Le Souffle des Morts qui ne sont pas morts,
Des Morts qui ne sont pas partis,
Des Morts qui ne sont plus sous la Terre.

Ecoute plus souvent
Les Choses que les Etres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Ecoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots,
C’est le Souffle des Ancêtres.

Le « parcours » de Fanny

Très forte dès son arrivée sur Terre, Fanny naquit le 28 février 1933 pour s’entendre dire toute sa vie : quel bol d’avoir évité le 29 !

En 1951, à 18 ans elle crée son activité de club d’équitation. Sa tante Denise lui conseille de proposer ses cours aux officiers américains de la base de l’OTAN de Châteauroux. A l’époque, ses chevaux logent à la Mignonnerie, les cours ont lieu sur la pelouse droite du château, et les soirées se déroulent dans la petite maison du Pignon-Blanc.

Un jour, elle part acheter des chevaux, qu’elle marchande aprement. Au bout d’un moment, le marchand lui demande : pourquoi discutez-vous tellement, ils sont parfaits mes chevaux. A quoi Fanny répondit « oui mais je dois acheter 4 chevaux avec cette somme » 🙂

Dans les années 60, avec son ami Michel Barrere, elle batit le manège. Une révolution à l’époque. Une femme, des stages à des prix accessibles. Monter à cheval en s’amusant. Cette époque fut exceptionnelle !

Pour attirer les stagiaires à St-Pierre, Fanny écrit des lettres aux courriers des lectrices de magazines comme Marie-Claire et ELLE. Plusieurs cavalier.e.s viendront au club après avoir lu comme cette fausse stagiaire avait apprécié les cours, l’hébergement et surtout l’ambiance

En 1977, son club hippique mis en veille, ses chevaux vendus, Fanny part vivre à Paris. Elle y travaillera comme comptable dans un dispensaire de soeurs à Belleville, elle vendra ensuite des produits AmWay puis du linge de maison, à des comités d’entreprise et lors de ventes chez des ami.e.s. Elle réussit très bien dans ce métier de contact, mais après quelques années la fièvre équestre reprend et elle deviendra remplaçante dans de nombreux clubs de Paris et d’Ile de France.

Un jour, Joëlle Thibaut et d’autres ancien.ne.s cavalier.e.s lui demandent de recréer des stages à St-Pierre pour leurs enfants. Elle est ravie et organise ces stages tous les Etés de       à      .

C’est à ses petits-enfants qu’elle donnera ses dernières leçons

Fanny est montée à cheval jusqu’à 84 ans. Son cher Champollion, Welsh cadeau de Laurian d’Harcourt, meurt, les autres chevaux ne la séduisent plus. Elle troque les quadrupèdeds pour le quad, qu’elle chevauchera jusqu’au 1er juillet 2019.

Pour continuer à recevoir ses stagiaires et ceux des clubs auxquels elle louait ses installations, Fanny décide de transformer la maison du palfrenier et la petite écurie du Marchais en grand gîte de groupe. Toujours avec son ami de toujours Michel Barrere. Dans cette entreprise, pour l’architecture, ses amis et anciens élèves André Parent et Alexandre Martin seront aussi de très précieux partenaires. Avec ce gîte, Fanny se lance dans la réception d’Hôtes.ses. Elle adore ! Recevoir, raconter son Berry, des anecdoctes, les bons coins, les histoires

date monitorat ? date instructorat ? date PIGNON-BLANC ?

De Gustave à nos jours. Des Delrue, des du Manoir, de belles histoires 

A l’occasion de la visite de Levroux Patrimonia le 4 mars 2023

Quel plaisir et surtout quel honneur de vous présenter aujourd’hui l’histoire de cette maison et de quelques-uns de ces habitants ! Avant de vous les présenter, j’aimerais partager avec vous une réflexion. Un jour au stade de rugby de Grenoble, les joueurs ont voulu être photographiée avec moi en tant que petite nièce de l’un de leurs héros. A l’époque, bien qu’ayant accepté, je ne comprenais pas le lien entre cet ancêtre et moi, d’autant plus que je suis une néophyte en rugby. Des années plus tard, grâce à mon amie Stavia, j’ai compris : je ne suis pour rien dans ce que mes aïeux ont fait, mais c’est mon héritage, alors j’essaie d’en être digne et de le transmettre.

Je remercie Bruno Bodin et Christophe Samain qui m’ont fait la demande de cette après-midi, m’offrant ainsi la précieuse occasion d’évoquer de manière un peu solennelle : leur famille à mes enfants.

Au départ, seul Yves du Manoir était au programme. Se sont ensuite ajouté.e.s Gustave et Georges Delrue, Henriette et Fanny du Manoir, les Gîtes du Berry et la Route d’Artagnan, que je me réjouis de vous présenter maintenant.

Gustave et Palmyre, Georges et Maria Delrue

Mon arrière-arrière grand-père Gustave Delrue était belge wallon, marié à une belge flamande : Palmyre. Ils étaient amis des Belges propriétaires du chateau d’Argy et venaient régulièrement en Berry. Quand l’opportunité d’acheter les terres de St-Pierre s’est présentée, ils l’ont saisie et ont rapidement fait appel à l’architecte Alfred Dauvergne pour réaliser le Pavillon Nord. Comme nous avons la chance d’avoir aujourd’hui avec nous l’expert de l’oeuvre de cet architecte, il vous exposera tout cela en détails tout à l’heure. 

Après que Gustave et Palmyre aient fait ajouter le Pavillon Nord à la construction existante, leur fils Georges, mon arrière grand-père continuera les travaux avec la partie centrale, l’aile Sud et l’aile des écuries. Pour cela, il fera appel à un architecte de Tours (Paul? Le Pladec).

Dates

Profession

Achat des terres à Famille Bertrand

Commande à Alfred Dauvergne

Voir descrition St-Pierre : https://www.chateau-fort-manoir-chateau.eu/chateaux-indre-chateau-a-st-pierre-chateau-de-saint-pierre.html

Yves du Manoir 

Je vous propose de poursuivre chronologiquement en changeant de branche familiale. Mon grand oncle Yves du Manoir est mort à 23 ans à Reuilly. Ma mère s’émerveillait de l’aura de son oncle. En effet, comment un homme mort si jeune, et après seulement quelques années de rugby, a-t-il pu engendré une telle légende ?! Un challenge, le stade de Colombes, des écoles, portent son nom. Son enterrement au Père Lachaise avait réuni 3.000 personnes. 

L’éloge funèbre du Racing Club de France donne un début de réponse : “Ses camarades de jeu et nous, ses anciens, nous mêlons aujourd’hui nos larmes. Ceux de son age pleurent le joueur incomparable qui était leur fierté et leur confiance, et qui semblait porter la victoire avec lui. Et ils pleurent aussi le plus affectueux des amis. Mais nous, ses aînés, nous nous lamentons de voir disparaître celui qui personnifiait si merveilleusement notre idéal. Nous n’avions pas besoin de dire aux joueurs du Racing comment ils devaient se comporter, quelles qualités ils devaient avoir, quelles vertus ils devaient pratiquer pour être vraiment dignes de leur Club. Nous n’avions qu’à leur montrer Yves et à leur dire : Tâchez de l’imiter.

Livre sur Yves écrit par son frère René https://acrobat.adobe.com/link/review?uri=urn:aaid:scds:US:184d5b24-74cc-31c9-96be-068bc324e5c0

Henriette du Manoir, Denise Toporkoff, Familles Solin et Barranger

Passons maintenant à ma grand-mère Henriette. Elle est née dans cette maison en 1900. A la déclaration de la Seconde Guerre Mondiale, veuve de son mari René, le grand frère d’Yves du Manoir, mais entourée de ses 3 soeurs et de son frère, elle part de Paris pour venir à St-Pierre en zone libre. Cherchant une préceptrice pour ses enfants, elle fait la connaissance de Denise Toporkoff qui se propose en la prévenant qu’elle est juive. “Et alors ?” lui avait répondu ma grand-mère, et comme l’a expliqué Denise cela sonnait comme “Raison de plus”. Ainsi Denise est venue vivre ici pour la durée de la guerre et est toujours restée une amie très proche.

Longtemps après la mort de ma grand-mère, notre ami Pierre Juresco a convaincu ma mère de voir la sienne reconnue Justes Parmi les Nations. En constituant le dossier avec Madame Nicole Caminade et Monsieur Jean Solin, ils l’ont complété avec l’action de Monsieur et Madame Barranger. Ce couple qui vivaient à St-Pierre, recueillirent le petit Jean Solin. Les parents de Jean furent aussi cachés à Saint-Pierre, dans la cabane de l’étang juste au Nord de Pétales en Berry que vous visiterez tout à l’heure. 

Le Comité Yad Vashem a été créé en 1953 pour commémorer, documenter, enseigner la Shoah. Pour perpétuer la mémoire des 6 millions de Juifs assassinés par les nazis et leurs collaborateurs, celles des communautés juives détruites, ou des combattants des ghettos et des mouvements de résistance, et pour rendre hommage aux non-juifs qui ont risqué leur vie pour sauver des Juifs durant la Shoah. Yad Vashem signifie rendre hommage et ne pas oublier. Pour le faire à notre tour, de manière modeste mais fortement symbolique, ma soeur Delphine a proposé un projet qui a été accepté par la nouvelle Mairie : il s’agit de renommer la Route de Levroux qui passe ici en Rue des Justes Parmi les Nations.

Ma grand-mère fut une femme ordinaire et exceptionnelle. Elle voulait que nous soyons planétaires. A notre époque de repli sur soi, d’égoïsme, et de craintes, c’est une recommandation précieuse.

Magnifique film de Thibault Blanchet https://youtu.be/aHFi7uphOnE

Ses parents 

Georges Gustave Julien DELRUE (Gustave Charles Désiré Joseph Ghislain Delrue, résidant à Ixelles, propriétaire et Marie Françoise Palmyre Houdin) né le 23 mars 1854 à Bruxelles, résidant à Ixelles, industriel de profession

Marie Louise Julienne Françoise VANDERSCHRICK, née le 21 mai 1863 à Bruxelles (François Vanderschrick et Louise Marguerite Rapaille)

Fanny du Manoir, le Pignon-Blanc, les gîtes et la Route d’Artagnan 

Passons maintenant et à la demande expresse de certains anciens élèves, à la tornade de la famille ! Née en 1933, ma mère Fanny du Manoir a tout fait pour devenir une femme de cheval. Du dressage de son cheval Eden avec son oncle Louis du Boisrenault à la création de son Club Hippique du Pignon-Blanc à l’âge de 18 ans en 1951, en passant par son Instructorat obtenu parmi les hommes à Saumur.

Sur les conseils de sa tante Denise du Boisrenault qui recevait les officiers américains en hôtes payants, elle a lancé son activité en enseignant l’équitation à ces mêmes officiers. L’activité de son club s’est vite élargi aux scolaires de la région et très rapidement aux adultes. Elle a été l’une des premières à proposer des stages en France et avait habilement adressé au courrier des lecteurs des grands magazines de l’époque des lettres de cavaliers qui vantaient les mérites du Pignon-Blanc ! 

Dans les années 60, avec son ami Michel Barrere, elle batit le manège. Une femme qui dirige un club hippique, des stages à des prix accessibles, monter à cheval en s’amusant, tout cela était une révolution à l’époque.

Après 26 d’activité, en 1977, elle met son club hippique en veille, et part vivre à Paris, exerçant avec succès un métier tout autre, dans le domaine de la vente de produits à domicile et à des comités d’entreprise. Mais la fièvre équestre la reprend rapidement, elle exerce alors sa passion dans des clubs de Paris et d’Ile de France pendant un temps. Puis, à la demande de son ancienne cavalière, Joëlle Thibault-Cavé, Fanny recrée des stages d’équitation pour la nouvelle génération tous les étés, de 1987 à 2000. C’est à ses petits-enfants qu’elle donnera ses dernières leçons, chevauchant avec passion jusqu’à l’âge de 84 ans. 

Pour continuer à recevoir ses stagiaires et ceux des clubs auxquels elle louait ses installations (manège, boxes et stalles, parcours de cross, prés), elle transforme en 1996 la maison du palefrenier et la petite écurie du club en grand gîte de groupe. Elle se lance dans la réception d’hôtes et hôtesses, adorant raconter « son Berry », ses légendes, les anecdotes, citant les coins réputés… A sa mort en juillet 2019, j’ai pris sa suite et créé les Gîtes du Berry qui se composent de 3 gîtes et 46 couchages.

La Route D’Artagnan

Avant de passer la parole à Christophe et Olivier, je voudrais vous parler d’un dernier sujet qui m’enthousiasme. Une Route D’Artagnan a été retracée afin de mettre en valeur le tourisme pédestre et équestre. Pour ma plus grande chance, cette route passe par St-Pierre et sera bientôt mise en valeur. J’ignore si cet illustre personnage est réellement passé un jour ici, mais je me réjouis de pouvoir associer notre région à sa fabuleuse destinée !

Je vous remercie

3 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Anne-Marie Toporkoff dit :

    Quel sourire …. je ne m’en lasse pas. Fanny est là, avec nous, bien présente. Fanny est là, avec tous ses amis, sa famille tellement aimée, les chiens, les chevaux.
    Merci Dorothée
    Merci également pour ce texte très émouvant de Birago Diop

    Aimé par 1 personne

  2. Kathy Hargreaves K/A Albion dit :

    I have just stumbled upon this page now – how lovely to see all these photos of Fanny. I have very fond memories of the summer I spent working for Fanny in 1989, looking after Mazurka and foals (Baghdad?) and riding Belphegor, what an old man he was. I learned so much from Fanny although she was a strict boss. A wonderful summer. Thanks Dorothee so much for sharing these photographs…. Albion xx

    Aimé par 1 personne

    1. I remember you very well Miss Albion! Hope you are doing great 🙂

      J’aime

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